RADARMETEOROLOGIE

* * bonne année 2022* *

RadarMétéo


1 -Principe


La mesure radar se base sur l'émission dans l'atmosphère, à des intervalles de temps égaux, d'impulsions d'énergie électromagnétiques puissantes et de fréquence élevée, pendant une durée très brèves. Les cibles atmosphériques de toute nature qui interceptent l'énergie incidente l'absorbe et la rayonnent dans toutes les directions. La fraction de l'énergie rayonnée dans la direction du radar est captée par l'antenne, transportée, avec le minimum de perte au moyen des guides d'ondes vers le récepteur qui l'amplifie et la transmet à l'unité de traitement de signal (Radar Vidéo Processor RVP) dans trois canaux vidéo; un canal logarithmique pour le calcul de la réflectivité et deux canaux linéaires pour le calcul de la vitesse radiale et la largeur spectrale.
Au niveau de la RVP le signal analogique reçu du récepteur est d'abord digitalisé pour son traitement numérique. Les algorithmes de traitement de signal résidant au niveau de la RVP effectuent des corrections sur le signal digitalisé (élimination des bruits, correction de l'atténuation, élimination des échos fixes,etc...) et déduisent en utilisant l'équation radar la valeur de la réflectivité, de la vitesse radiale et de la turbulence, constituant ainsi les données de base du radar. Les mesures traitées associées à leur position sont ensuite acheminées vers un logiciel de commandes et de visualisation pour l'élaboration d'images radar facilement exploitables.

Le mouvement de l'antenne au cours de l'acquisition des mesures radar définit la nature du produit élaboré. Ainsi lorsque l'antenne décrit un mouvement de rotation autour d'elle-même en gardant un angle d'élévation constant, on obtient le produit PPI (Plan Position Indicator). Lorsque l'antenne effectue un mouvement de basculement dans un plan vertical en gardant un angle d'azimut constant, le produit élaboré est RHI (Range Height Indicator). Quand l'antenne effectue une série de balayages panoramiques à différentes élévations, on a un balayage volumique.

2. Utilisations

       2.1 Le produit PPI (Plan Position Indicator)


L'image PPI représente toutes les cibles autour du radar qui ont intercepté les radiations de l'énergie électromagnétique à la hauteur atteinte par le faisceau d'onde. Sur l'image produite, la position du radar se trouve en général au centre de l'image et les échos détectés sont représentés autour du radar. Leurs positions géographiques peuvent être indiquées par leurs azimuts et la distance radiale par des cercles concentriques (voir figure 1). Pour le cas de nos radars, il existe un utilitaire qui permet de connaître la position (latitude, longitude, distance au radar et altitude) des échos radar choisis. Toutefois l'exploitant doit avoir à l'esprit que plus l'échos est situé loin du radar, plus son altitude est élevée d'autant plus que l'angle d'élévation de l'antenne est grand; ainsi avec une élévation de 1° une cible qui intercepte le faisceau radar se trouvera à une altitude de 2400 m environ s'il est à une distance de 100 Km du radar et à une altitude de 5800 m s'il est à une distance de 200 Km du radar.
La réflectivité, ou la vitesse radiale des échos détectés sont estimées au moyen de niveaux de couleurs différentes.


 




                                                                 figure 1

   2.2. Le produit RHI (Range Height Indicator)

L'image RHI (voir figure 2) représente la répartition verticale de la réflectivité dans une direction donnée, on peut alors avoir des informations sur l'extension verticale de l'échos, l'altitude de sa base (si elle n'est pas masquée) et de son sommet, et la distribution de la réflectivité suivant la verticale. Comme pour l'image PPI, la réflectivité est représentée par des niveaux de couleurs.
Sur une image RHI, la position du radar se trouve en bas à gauche de l'image, l'axe des abscisses représente la distance radiale, l'axe des ordonnées représente l'altitude.
Lorsqu'un nuage est détecté dés sa phase initiale, l'image RHI permet de suivre son développement et, connaissant les conditions météorologiques en présence, prévoir son évolution.
Par l'exploitation des images PPI à différentes élévations, on peut se constituer une idée sur les échos météorologiques qui prennent place autour du radar, l'image RHI effectuée suivant la direction des maxis de réflectivités permet d'étudier en détail les phénomènes. Ceci est utile surtout pour les situations orageuses ou l'on peut détecter très tôt les foyers orageux qui se développent au moyen de la visualisation en mode PPI et connaître leurs caractéristiques en effectuant un balayage RHI qui nous permettra de déterminer leurs extensions verticales et leurs teneurs en eau permettant ainsi de se constituer une idée sur leurs potentiels de précipitations.


                    

2.3. Les produits volumiques


Comme on a vu, l'image PPI à elle seule est insuffisante pour tirer toutes les informations se produisant autour du radar. La technique du balayage volumique (balayage PPI à différentes élévations) est ainsi nécessaire pour combler ces lacunes. La technique multibalayage permet de se constituer une vision globale sur l'activité météorologique se produisant autour du radar à différentes altitudes.
En effet à partir des fichiers de données de réflectivité obtenus de plusieurs balayages en mode PPI effectués avec différentes élévations de l'antenne, on peut obtenir plusieurs produits radar, parmi lesquels : Column-Maxima, CAPPI, Echo-Top etc...
L'avantage des produits volumiques est qu'ils donnent une information globale sur l'activité météorologique autour du radar à différentes altitudes tout en performant des calculs tels que le maximum de réflectivité, l'altitude maximale d'un échos. Les inconvénients des produits volumiques résident dans le fait qu'ils sont calculés à partir d'une interpolation et donc il y a une perte dans la précision de la mesure.

2.3.1 Le produit Column-Maxima


L'image Column-Maxima est obtenue par la projection sur le plan des réflectivités maximales. Le produit Column-Maxima représente alors pour un pixel donné la valeur maximale des réflectivités se trouvant sur la colonne atmosphérique au dessus du pixel.
Ce produit est très utile pour situer les foyers orageux dès leur apparition, de ce fait il est  recommandé pour le suivi des situations orageuses (voir figure 3); sa combinaison avec l'image RHI permet une bonne couverture des situations orageuses.






2.3.2. Le produit CAPPI



L'image CAPPI (Constant Altitude PPI) permet de donner une représentation des échos se trouvant à la m
 
ême altitude. L'opérateur peut choisir l'image CAPPI allant de l'altitude 1 km à l'altitude 15 km pour un même balayage volumique. Les produits CAPPI pour les altitudes les plus basses permettent de donner une bonne estimation des précipitations qui atteignent le sol. Le défilement des images CAPPI à différentes altitudes permet d'avoir une idée sur la variation des précipitations suivant l'altitude, de déterminer le niveau qui connaît l'activité la plus intense et donc de juger de l'évolution de la situation


2.3.3. Le produit Echo-Top


Le produit Echo-Top donne l'altitude du sommet d'un niveau de réflectivité choisie par l'opérateur. Si le niveau de réflectivité choisi par l'opérateur est de 40 dbz, et si le niveau de couleur sur l'image indique la valeur 4 km, alors 4 km est l'altitude maximale atteinte par le niveau de réflectivité 40 dbz.
Concernant l'aéronautique; le produit Echo-Top permet de déterminer les altitudes que les pilotes doivent survoler pour ne pas rencontrer des Réflectivités supérieures à un niveau choisi.

Il existe d'autres produits radar issus à partir d'un balayage volumique, mais on se limite à ces trois produits qu'on a déjà expérimentés avec notre réseau radar actuel.

2.3.4. Le produit vitesse radiale


L'image PPI de la vitesse radiale permet d'avoir les vitesses radiales des échos autour du radar. Les informations pour l'image PPI de la vitesse sont similaires que celles de l'image intensité, la valeur de la vitesse radiale est également estimée au moyen de niveaux de couleurs (voir figure 4). Le niveau de couleur blanche indique la vitesse 0 m/s, les niveaux de couleurs qui se trouvent à gauche représentent les vitesses des échos qui se rapprochent du radar d’où le caractère "T" (Toward) se trouvant sur l'échelle de couleurs, les niveaux se trouvant à droite du radar représentent les vitesses des échos qui s'éloignent du radar ("A"= Away).






.2.3.5. La turbulence


La vitesse radiale donnée par le radar représente la valeur moyenne des vitesses des particules dans le volume échantillonné. On peut aussi avoir accès à la variation de la vitesse au moyen du calcul de la variance dans ce volume qui est en relation avec la turbulence.
Le produit de la turbulence représente ainsi la variance de la vitesse radiale dans le volume d'échantillonnage. Cette grandeur est constituée d'une part de la contribution du cisaillement du vent dans le volume et d'autre part de la turbulence. Cependant ce produit n'est exploitable qu'en présence de traceur pour rétrodiffuser l'énergie vers le radar, en ciel clair, s'il n'y a pas de traceur tels que la poussière ou des insectes, le radar ne peut détecter la turbulence en ciel clair.

2.3.6. La réflectivité différentielle


Le radar de Fès est un radar à double polarisation, il est muni d'un dispositif lui permettant de générer de manière successive des impulsions d'énergie de polarisations horizontale et verticale. Il détermine alors la réflectivité différentielle par la différence entre la réflectivité calculée à partir des retours de signaux polarisés horizontalement et la réflectivité calculée des retours de signaux polarisés verticalement.
Dans le cas des gouttelettes liquides, au cours de leurs chutes et sous l'effet de la résistance de l'air, elles s'aplatissent présentant ainsi une importante extension horizontale qui devient plus importante que l'extension verticale; d’où une réflectivité horizontale plus grande que la verticale et par suite une réflectivité différentielle positive. Par contre, pour les particules de grêle, il n'y a pas une grande variation entre l'extension horizontale et verticale donc des réflectivités horizontales et verticales sensiblement égales, et par suite des valeurs faibles de la réflectivité différentielle.

2.3.7. Les images composites


Les produits composites sont élaborés à partir des mesures relevées dans chaque site radar et acheminées vers le centre au moyen des lignes de télécommunication spécialisées. Un logiciel sur la station de concentration nationale permet d'élaborer l'image composite à partir de fichiers acheminés. Une image composite est présentée comme si un seul radar fait le balayage de tout le territoire. Sur les zones de chevauchement entre deux radars c'est la réflectivité maximale qui est visualisée.

Quelques erreurs de la mesure radar


La mesure radar peut être affectée d'erreurs dont l'origine peut être due aussi bien aux limitations instrumentales du radar qu'à la nature même de la mesure ainsi qu'aux propriétés physiques de la propagation des ondes électromagnétiques dans l'atmosphère.

Erreurs engendrées par les imperfections de l'antenne radar


La puissance rayonnée par le radar se répartit en un lobe principal et un certain nombre de lobes secondaires inclinés par rapport au lobe principal. Ces imperfections de l'antenne engendrent des erreurs sur la mesure radar.

Erreurs dues à l'ouverture du faisceau d'ondes


L'antenne permet de concentrer l'énergie émise dans un faisceau d'onde de faible ouverture légèrement divergent. Le volume d'échantillonnage du radar devient de plus en plus grand au fur et à mesure que l'on s'éloigne du radar entraînant les erreurs suivantes:

  • Prés du radar et pour de faibles élévations d'antenne, une partie de l'énergie émise va intercepter le sol et les obstacles terrestres proches du radar engendrant des échos fixes.

  • L'équation radar pour une cible distribuée est fondée sur des hypothèses dont l'une suppose que le volume d'échantillonnage du radar est complètement occupé par la cible. Or le volume d'échantillonnage du radar prend une grande extension angulaire lorsqu'on s'éloigne du radar du fait de l'ouverture du faisceau. Une cible météorologique localisée se trouvant à une grande distance du radar peut alors avoir des dimensions inférieures à celles du volume d'échantillonnage, il va y avoir d'une part une sous-estimation de son intensité, le volume de diffusion est plus petit que le volume d'intégration, d'autre part une erreur sur l'emplacement et les dimensions de la cible, puisque le radar suppose que toute l'énergie reçue est diffusée par le volume d'échantillonnage.

Erreurs engendrées par les lobes secondaires


Une faible partie de l'énergie émise par l'antenne se trouve dans des lobes secondaires qui sont inclinés par rapport au lobe principal et de ce fait interceptent les obstacles prés du radar et créent des échos fixes. D'un autre côté les algorithmes de traitement du signal radar supposent que toute l'énergie reçue par l'antenne est rétrodiffusée par une cible qui a intercepté les radiations dans le lobe principal. Ils vont cumuler le signal d'origine les lobes secondaires au signal reçu du lobe principal entraînant deux types d'erreurs:
·         Surestimation de la réflectivité des cibles atmosphériques.
·         Apparition d'échos irréels dans le cas où il n'y a pas de cibles atmosphériques sur le chemin du faisceau radar.

Il est aisé de reconnaître les échos fixes générés par les lobes secondaires, on les retrouve d'une image à l'autre, d'autre part ils sont de faible intensité vu que l'énergie dans les lobes secondaires est faible. Les algorithmes de traitement de signal Doppler utilisent l'information de la vitesse radiale pour leur élimination. Par contre il n'est pas évident de déterminer la surestimation des réflectivités due aux lobes secondaires.

Anomalies de propagation

 





La figure ci-dessus montre le chemin suivi par les ondes électromagnétiques; dans le cas d'une atmosphère standard, le chemin suivi est la propagation normale des radiations; les algorithmes de traitement de données tiennent compte de ce chemin pour l'élaboration des produits. Cependant sous certaines conditions atmosphériques, le chemin suivi par les radiations peut varier du cas standard, on est alors en présence d'une anomalie de propagation qui peut être de trois types:
  • La super-réfraction, c'est lorsque les conditions atmosphériques sont telles que la réfraction des radiations est assez forte pour que le faisceau se propage à des altitudes inférieures que dans le cas de la propagation normale. Ceci se passe en présence d'inversions thermiques nocturnes et matinales.
  • La sub-réfraction, c'est lorsque les radiations suivent un chemin d'altitude supérieure à celui suivi dans les conditions normales.
  • Le ducting, c'est quand les radiations se trouvent piégées dans une couche de forte réfraction. Ceci se passe rarement.

Erreurs générées par les anomalies de propagation


Lorsqu'on est en présence d'une anomalie de propagation, il y aurait erreurs sur l'emplacement de la mesure en altitude. L'exploitant, ne tenant pas compte de l'anomalie de propagation, va commettre une erreur de jugement quant au choix de l'élévation de l'antenne. S'il s'intéresse à la connaissance du contenu en eau en basse altitude en choisissant une élévation d'antenne très petite, l'image radar serait affectée d'échos fixes dans le cas d'une super-réfraction; par contre les précipitations peuvent ne pas être détectées dans le cas d'une sub-réfraction ou d'un ducting.

Il est possible de déterminer l'existence des anomalies de propagation en utilisant des radiosondages pour le calcul de l'indice de réfraction pour chaque couche de l'atmosphère. Ainsi en présence d'une super-réfraction l'exploitant doit choisir un angle d'élévation supérieur à celui habituellement choisi dans les conditions normales de propagation pour éviter les échos fixes. Par contre s'il y a existence d'une sub-réfraction, il est souhaitable de choisir un angle inférieur à celui utilisé dans les conditions normales.

L'atténuation


Lors de sa propagation, la puissance des radiations radar peut être atténuée. Cette atténuation dépend du matériel constituant le milieu, de sa densité, de la distance traversée par les radiations et de la longueur d'onde électromagnétique.
L'atténuation des ondes utilisées par les radars météorologiques est surtout due à la vapeur d'eau atmosphérique, elle dépend du contenu de l'air en vapeur d'eau. Elle est à peu près négligeable pour les longueurs d'ondes 10 cm, mais croit rapidement pour les petites longueurs d'ondes (0,01 db/km pour une longueur d'onde de 3 cm). "Nos radars utilisent une longueur d'onde de 5 cm".
Cette atténuation est corrigée par les algorithmes de traitement des données radar par un coefficient constant qui représente l'atténuation linéaire de l'atmosphère. Mais lorsqu'il s'agit de précipitations liquides ou solides, ceci devient moins facile vu leur caractère variable suivant la situation météorologique.
La difficulté de la reconnaissance de l'atténuation due aux précipitations sur l'image radar dépend du type, de l'intensité et de l'extension verticale des précipitations. En général les radiations sont atténuées en traversant une zone de fortes précipitations. On peut alors remarquer derrière une zone de précipitations un affaiblissement sinon l'absence totale d'échos, en effet l'énergie traversant la région de fortes précipitations est de plus en plus affaiblie, et le retour radar l'est aussi, les précipitations se trouvant derrière cette région sont alors sous estimées parfois non détectées. Cependant ceci n'est pas toujours évident à reconnaître car dans certains cas la forme des échos météorologiques présente naturellement ces affaiblissements laissant croire la présence de l'atténuation.

Ambiguïté de la distance


La fréquence d'émission des radiations qui représente le nombre d'impulsions par seconde est inversement proportionnelle à la durée de réception. Les algorithmes de traitement de signal radar supposent que toute l'énergie reçue pendant la phase de réception est le résultat de la rétrodiffusion des radiations de l'impulsion précédente avec une cible atmosphérique se trouvant sur le chemin. On aura alors une ambiguïté de la distance pour toutes les cibles atmosphériques se trouvant à une distance telle que le temps aller-retour du radar à la cible est supérieur à la durée de réception. La distance maximale de détection sans ambiguïté est donnée par la relation suivante:

                                          Dmax = c/(2*nombre d'impulsion par seconde)

Cette ambiguïté de la distance engendre une sous estimation de la distance de la cible et une sous estimation de la réflectivité. Ceci se passe en général lorsque des cibles se trouvent à une grande distance du radar.





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