orage

* * bonne année 2022* *


Les orages et les éclairs







On dit qu'il y a orage lorsqu'on observe une ou plusieurs décharges brusques d'électricité atmosphérique se manifestant par une lueur brève et intense (éclair) et par un bruit sec ou un roulement.
Un orage est essentiellement associé à un cumulonimbus et est, le plus souvent, accompagné de précipitations sous forme d'averses.
Les phénomènes électriques qui le caractérisent peuvent entraîner des dégâts de structure mais ne constituent pas les éléments les plus dangereux. En effet, ce sont les forts courants ascendants et descendants, les mauvaises conditions de visibilité et de plafond liées aux averses et le givrage associé à la turbulence qui présentent le plus grave danger pour les avions en vol ou à l'atterrissage.


















Orages sur le Kitt Peak. Document NOAO/Adam Block.

Abstraction faite des décharges électriques, un orage n'est rien d'autre qu'une averse violente; de ce fait, le contenu de ce chapitre est, en grande partie, valable pour les cumulonimbus et averses non accompagnés d'orage.
Introduction
Dans l'ensemble les orages sont assez fréquents. On estime à 20 millions le nombre d'orages déclenchés sur la totalité du globe terrestre au cours d'une année entière; soit, en moyenne, 50000 orages par jour ! Compte tenu de la durée moyenne d'un orage (quelques heures) on peut dire que quelques 2600 orages sévissent sur la Terre à chaque instant. Enfin, un orage libère autant d'énergie que 1 MT de TNT.
La fréquence des orages augmente généralement des pôles vers l'équateur : on n'observe pratiquement pas d'orages dans les régions polaires et dans les ceintures anticycloniques subtropicales; on observe environ un jour d'orage par an aux latitudes comprises entre 70 et 80° du fait qu'on y observe le passage de pratiquement aucun front. En revanche, on peut observer plusieurs centaines d'orages au niveau de l'équateur qui bénéficie d'un enseillement et d'une humidité maximales.
Aux latitudes européennes, le nombre moyen de jours d'orage est de 4 à 7 au printemps, 9 à 14 en été, 2 à 5 en automne et un seul ou voire aucun en hiver. Pour l'année entière, en Belgique on observe 18 jours d'orage à la côte et 25 en Ardennes. Ces nombres sont équivalents sur la côte Nord-Est des Etats-Unis jusqu'à New-York. Par contre la côte Californienne subit moins de 5 orages par an, c'est le chiffre le plus bas des Etats-Unis, alors que le centre de la Floride subit plus de 90 orages chaque année !
Etant donné la plus forte instabilité de l'atmosphère au-dessus des continents en été, la fréquence des orages y est plus grande que sur l'océan. En mer (et à la côte), les orages interviennent surtout la nuit.

Formation des orages
La formation des orages est le résultat d'un certain nombre de conditions dont les principales sont : 
1. Instabilité conditionnelle de la masse d'air
2. Déclenchement de l'instabilité par une cause extérieure
3. Humidité relative assez élevée
1. Instabilité conditionnelle de la masse d'air
Nous avons vu qu'une masse d'air est en instabilité conditionnelle lorsque sa courbe d'état est située entre l'adiabatique sèche et l'adiabatique saturée. Avant que l'air ne devienne instable, il doit être soulevé (par une cause extérieure) jusqu'à un niveau (p1) où les particules d'air ascendant deviennent plus chaudes que l'environnement. Lorsque cette condition est réalisée, les particules d'air, relativement chaudes, continuent d'elles-mêmes leur mouvement ascendant jusqu'au moment où leur température devient égale à celle de l'air environnant.
2. Déclenchement de l'instabilité
L'instabilité peut se déclencher par soulèvement de la masse d'air ou par convection. Le soulèvement des particules d'air jusqu'au niveau où elles deviennent plus chaudes que l'air environnant (p1) est provoqué principalement par le relief et par les surfaces frontales.
D'autre part, la convection thermique due au réchauffement diurne du sol joue aussi un très grand rôle dans le déclenchement de l'instabilité puisqu'elle crée une instabilité absolue dans les basses couches de l'atmosphère. La convection intervient également par suite d'une advection d'air froid sur une surface plus chaude
3. Humidité de la masse d'air

L'importance de l'humidité de la masse d'air réside dans son influence sur l'altitude du niveau de condensation et de ce fait sur l'altitude du niveau à partir duquel les particules d'air s'élèvent d'elles-mêmes. Il est évident que le niveau de condensation et le niveau (p1) sont d'autant plus bas que l'humidité relative est élevée.
Par conséquent, le soulèvement nécessaire au déclenchement de l'instabilité sera d'autant plus faible que l'humidité de la masse d'air est élevé.
Toute autre condition restant égale, les orages seront plus fréquents (aussi bien dans l'espace que dans le temps) et plus violents dans une masse d'air humide que dans une masse d'air sec.
Structure et développement d'un orage

Généralités

Un orage se compose de différentes cellules de forme grossièrement elliptique, l'ensemble formant une supercellule. Chaque cellule résulte de l'agglomération de plusieurs cumulus en voie de développement (cu con). Les différentes cellules constituant un orage peuvent se trouver à un stade différent de développement; ainsi, d'anciennes cellules disparaissent tandis que de nouvelles se forment, entraînant un déplacement apparent de l'orage qui ne correspond pas toujours à son déplacement moyen réel.
Le diamètre des cellules varie entre 2 et 10 km selon le stade de développement atteint; leur extension verticale atteint 30000 à 40000 pieds (souvent plus dans la région équatoriale). 

A gauche la structure horizontale d'un orage formé de plusieurs cellules. A droite une supercellule en développant le 1 septembre 2001 à Wyong, NSW, en Australie. Elle est légèrement en rotation comme le révèlent les mesures radar. Mais il est plus étonnant encore qu'elle soit isolée au milieu des terres. Document T.Lombry et Jimmy Deguara.
Les intervalles entre cellules sont caractérisés par des conditions de vol nettement meilleures que dans les cellules (turbulence plus faible, etc).
La distance entre deux cellules est de 1 à 2 km; il est donc théoriquement possible de traverser un orage en empruntant un de ces couloirs en tirant profit des techniques radar.
Cycle de vie d'une cellule
Le cycle de vie d'une cellule dont la durée est d'environ une heure se divise en trois stades définis par la direction (vers le haut ou vers le bas) des mouvements verticaux.
Ces stades sont :
1. le stade cumulus caractérisé par des mouvements ascendants
2. le stade de maturité caractérisé par des mouvements ascendants et descendants
3. le stade de dissipation caractérisé par des mouvements descendants
1. Stade cumulus

Durant ce stade, la cellule est caractérisée par des mouvements ascendants à travers toute la cellule. Ces mouvements ascendants sont les plus importants dans la partie supérieure du nuage où ils atteignent 20 à 25 m/s (> 72 km/h).
L'air converge horizontalement vers le nuage à tous les niveaux traversés par ce dernier. 
Ces mouvements ascendants maintiennent en suspension l'eau liquide formée, empêchant les précipitations en surface.
Aucun éclair n'est observé durant ce stade dont la durée est de dix à quinze minutes.
Les températures à l'intérieur d'une cellule bien développée sont plus élevées que celles de l'air environnant aux altitudes correspondantes.
Stade cumulus (cu con)
Stade de maturité (Cb cal pil)
Stade de dissipation (Cb cap inc)
Images originales de Bernhard Mühr/Wolkenatlas réalisées en l'espace de 40 minutes.
2. Stade de maturité

Le stade de maturité commence lorsque les précipitations commencent à tomber de la base du nuage. L'importante quantité d'eau tombant à travers le nuage provoque, par frottement, un renversement du sens des courants verticaux. Un courant descendant prend naissance dans la partie précipitante de la cellule et s'étend ensuite aux autres parties de la cellule.
Les courants ascendants persistent cependant à côté des courants descendants et atteignent leur plus grande amplitude au début de ce stade et dans la partie supérieure du nuage (ils peuvent, localement, dépasser 25 m/s ou 90 km/h).
Les mouvements descendants sont généralement moins violents que les mouvements ascendants; ils sont les plus importants dans la partie inférieure du nuage.
La limite entre les mouvements ascendants et descendants constitue une zone de turbulence sévère et de fortes accélérations verticales. Ce stade de maturité constitue la période d'orage; il dure de quinze à vingt minutes. 
On y observe des éclairs soit au sein même du nuage (éclairs horizontaux Cloud-Cloud ou CC, dits "crawler") soit dirigés vers le sol (éclairs Cloud-Ground ou CG) accompagnés de tonnerre et d'averses (de pluie, de neige ou de grêle en fonction des circonstances).
Les températures sont plus basses dans les courants descendants en comparaison avec l'air environnant  et contrastent spécialement avec les températures dans les courants ascendants; les plus grandes anomalies négatives s'observent dans la partie inférieure du nuage (négatives dûes à la friction, positives par induction).
Le nuage d'orage s'électrifie lorsque les mouvements verticaux qui se manifestent dans le cumulonimbus séparent les charges positives et négatives. Dans ces conditions l'augmentation du champ électrique dans l'air peut donner naissance à des éclairs. Selon une théorie la séparation des charges s'effectuerait au sein d'un mélange de neige en grain, de cristaux de glace et de gouttes d'eau. La dynamique des nuages et la microphysique imposent également une distribution des plus fortes charges entre le point de congélation et une altitude supérieure où la température atteint environ -10°C, mais jamais plus froide. Doc NASA.
3. Stade de dissipation

Le stade de dissipation commence dès que les courants ascendants disparaissent et que les courants descendants ont envahi l'ensemble de la cellule. Le nuage commence à se dissiper. La dissipation totale ou la stratification intervient dès que la pluie (ou la neige) et les courants descendants cessent. Le sommet du nuage prend la forme caractéristique d'une enclume (cb incus) qui peut s'étendre horizontalement sur plusieurs kilomètres.
Dès le début de ce stade, qui dure environ 30 minutes, les risques d'orage disparaissent.
Lorsque les mouvements descendants cessent, les températures à l'intérieur de la cellule deviennent égales à celles de l'air environnant à même altitude.

Cellule orageuse en dissipation. Document NOAA Photo Library rectifiée par l'auteur.


 

Phénomènes associés aux orages : aspects opérationnels


Parmi les phénomènes associés aux orages et décrits précédemment, rappelons que le givrage se rencontre avec la plus grande fréquence et la plus grande intensité environ 5000 pieds au-dessus de l'isotherme de 0°C. Cette zone devra donc être évitée dans la mesure du possible d'autant plus qu'elle correspond à la zone la plus turbulente. 
En effet les plus fortes turbulences observées à l'intérieur d'un nuage se situent au point de cisaillement (sheering) ou zone de transition des courants ascendants et descendants. Elles se présentent au milieu du nuage, très précisément dans les 5000 ou 6000 pieds au-dessus de l'isotherme de 0°C.
La turbulence peut également être très forte à l'extérieur des nuages d'orages. Dans les basses couches on peut la rencontrer devançant les cumulonimbus de 10 à 25 km ainsi que plusieurs milliers de pieds au-dessus d'un gros orage et dans un rayon de 40 km alentour.
De la neige modérée ou forte peut être observée avec le maximum de fréquence à une altitude de 20000 à 21000 pieds sous nos latitudes mais elle peut être observée à n'importe quel niveau au-dessus de l'isotherme de 0°C associée à de l'eau liquide dans la plupart des cas (sleet). Ceci est évidemment d'une très grande importance pour les conditions de givrage.
La grêle se rencontre au maximum dans 10% des nuages observés et peut-être présente dans l'ensemble du nuage (des basses couches à plus de 30000 pieds) avec des diamètres parfois conséquent pouvant endommager la structure des petits comme des gros avions, ainsi qu'en témoignent les images présentées ci-dessous, plutôt spectaculaires ! 
Des grêlons gros des oeufs de poules animés d'une vitesse relative supérieure à 600 km/h produisent le même effet que des coups de marteau bien assainis. Ils peuvent donc facilement déformer l'acier et percer les verres les plus résistants

Dans l'incident présenté ci-dessous, le nez de l'avion, la verrière, les phares ainsi que les bords d'attaque des ailes et des ailerons furent endommagés.
Cet exemple justifie à lui seul de recommander aux pilotes d'éviter les zones orageuses et de givrage et d'interdire aux pilotes privés de voler par mauvais temps pour leur propre sécurité. Mieux vaut ne pas prendre le risque de "casser du bois"...

Le vent est également très intense dans une cellule orageuse avec des courants descendants dans les basses couches et latéraux près du sol (low level) accompagnés de violentes rafales au passage du pseudo-front froid. La vitesse de ces rafales est en général la plus grande que l'on puisse enregistrer au cours du passage d'un cumulonimbus.
Les observations effectuées jusqu'à présent montrent que leur vitesse est comprise entre 20 et 80 noeuds, les rafales de 20 à 30 noeuds étant les plus fréquentes. La durée de ces rafales excède rarement quelques minutes (15 min. max).
Des variations de pression très rapides et assez importantes sont enregistrées durant le passage d'un orage. Ces variations de pression se traduisent évidemment par d'importantes erreurs altimétriques dont il est indispensable de se méfier .
Enfin, rappelons que les éclairs semblent se produire le plus fréquemment aux altitudes de 16000 à 26000 pieds où ils ne provoquent que des dommages mineurs : panne de radio ou légères piqûres sur la structure de l'appareil. Mais reportez-vous à la fin du chapitre consacré aux orages pour plus de détails.
Développement vertical

 La hauteur des nuages d'orage est d'une grande importance pour la détermination du niveau de vol optimum. Les observations par radar ont permis de déterminer que les orages formés au sein d'une masse d'air (réchauffement à la base et orages orographiques) possèdent la plus grande extension verticale tandis que les nuages frontaux semblent les moins développés. Dans les régions tempérées, des orages s'étendant jusqu'à 50000 pieds sont très rares; le sommet moyen se situe entre 25000 et 30000 pieds en fin de maturité.
Arrivé au stade de dissipation, le sommet du nuage prend la forme caractéristique d'une enclume (cb incus) soit parce qu'il a atteint la tropopause soit parce l'air est devenu plus stable à cette altitude. Constituée de cristaux de glace, cette enclume peut s'étendre horizontalement sur 10 nautical miles et on peut y observer des averses de grêle sous forme de virga. Si l'instabilité est très forte le sommet du nuage peut dépasser la tropopause de quelques centaines de pieds.






Aspect d'une cellule orageuse en vol. Les cumulonimbus affichant les courants verticaux les plus intenses atteignent la tropopause où ils présentent une forme d'enclume caractéristique constituée de cristaux de glace. Cette extension peut s'étendre horizontalement sur plus de 10 nautical miles et produire des virga. Document Bernhard Mühr/Wolkenatlas et M.Ratoz.

Courants verticaux

Les courants ascendants et descendants de l'air constituent la structure de base des nuages. Un courant vertical consiste en un mouvement continu de l'air vers le haut ou vers le bas. Ces mouvements à grande échelle s'étendent sur plusieurs milliers de pieds en altitude. La vitesse de ces courants est relativement constante, tout au plus varie-t-elle graduellement d'un niveau au suivant.
D'autre part, les rafales consistent en des discontinuités à petite échelle associées aux mouvements verticaux. Ces rafales ont une faible extension verticale et horizontale; ce sont elles qui provoquent la turbulence dans les nuages cumuliformes.
Grâce à différentes observations, on a pu tirer certaines conclusions définitives au sujet des courants verticaux :
A. Les courants ascendants les plus rapides existent aux niveaux moyens et supérieurs (maximum aux 2/3 de l'extension verticale du niage à partir de la base);
B. La vitesse moyenne des courants ascendants augmente avec l'altitude
C. Les courants ascendants sont plus rapides que les courants descendants sauf dans la partie inférieure du nuage.
Enfin, on a également pu obtenir certaines données relatives au déplacement vertical d'un avion dû aux courants ascendants :
A. Les plus grands déplacements s'observent en hautes altitudes. Un avion volant à 150 noeuds peut être soumis à un déplacement de l'ordre de 6000 pieds dans la partie supérieure d'une cellule orageuse tandis que le même avion volant à la même vitesse à 6000 pieds d'altitude observera un déplacement maximum de 1600 pieds;
B. Il existe très peu de cas dans lesquels un avion volant à une altitude de 5000 à 6000 pieds ait subi un déplacement dangereux vers le sol (du fait des courants descendants);
C. Le déplacement moyen dû au courants ascendants est, aux niveaux moyens et supérieurs, plus grand que le déplacement moyen dû aux courants descendants. Par conséquent, on peut dire qu'un avion qui sort d'un cumulonimbus aux niveaux moyens et supérieurs accuse une vitesse propre supérieure à celle qu'il possédait en y pénétrant;
D. Les courants descendants diminuent heureusement à proximité du sol, et le risque qu'un avion soit projeté contre le sol par ce courant descendant est faible, sauf dans les régions montagneuses. Toutefois, si un pilote tente de maintenir son altitude, il placera son appareil dans des positions extrêmes de "nose-up" ou "nose-down"; s'il rencontre alors une région de sévère turbulence (à la limite des courants verticaux de sens contraire), il peut éprouver de sérieuses difficultés jusqu'à perdre le contrôle de son appareil.
Rafales de vent

Un des facteurs importants pour l'avion lors de la traversée des cellules orageuses consiste en mouvements turbulents provoqués par les rafales de vent. Un orage sera d'autant plus sévère que les rafales sont fréquentes et intenses. Plusieurs statistiques instructives ont été rassemblées dont voici un résumé.
En premier lieu, il est important de noter que les rafales de faible vitesse (1 à 4 m/s) sont beaucoup moins fréquentes à toutes les altitudes que les rafales de vitesse plus élevée; il convient également de noter que des rafales de très grande vitesse (> 8 m/s) peuvent également être observées à toutes les altitudes, mais moins fréquemment.
Puisque toutes les vitesses de rafales existent à toutes les altitudes, il est important de connaître les altitudes auxquelles les rafales les plus rapides se rencontrent le plus fréquemment. Les statistiques montrent un maximum de fréquence bien défini pour les rafales de grande vitesse au voisinage de l'isotherme de 0°C. Il est donc logique de ne pas traverser les orages à cette altitude. Cela ne signifie pas que des rafales violentes n'existent pas aux autres niveaux, mais simplement qu'elles y seront moins fréquentes.
Enfin, les décharges électriques et les différences de potentiels qui se manifestent dans les cumulonimbus peuvent engendrer des effets électromagnétique et affoler l'avionique embarquée ou endommager la VHF. Sans parler des mauvaises conditions météo, la prudence nous incite à dire à tous les pilotes qu'il vaut mieux se dérouter de quelques dizaines de kilomètres plutôt que de pénétrer dans un nuage d'orage.

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