givrage
Si vous avez déjà affronté une averse de neige ou glissé sur du verglas
avec ou moins de succès, vous comprendrez aisément que ce phénomène peut
facilement mettre un avion en difficulté. En hiver, le sol peut être couvert
de gelée blanche, de givre opaque ou de glace transparente (verglas). Les
mêmes phénomènes se produisent sur les avions avec une grande fréquence et
des effets particuliers étant donné la vitesse et les caractéristiques
aérodynamiques de ces appareils.
Le givrage, par les conséquences graves qu'il peut entraîner, doit
retenir toute votre attention. Si vous connaissez ce phénomène, les mesures
défensives et préventives adéquates et les zones les plus dangereuses, ce
phénomène ne présentera plus un réel danger. Le givrage est d'ailleurs
considéré comme un incident normal de vol dans les régions tempérées.
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Le
givrage consiste en un dépôt de glace friable ou dure, opaque ou transparente
qui adhère à certains éléments de l'avion; en particulier et d'abord aux
éléments présentant des parties anguleuses ou des aspérités (bords d'attaque
des ailes et des gouvernes, tube d'antenne, têtes de rivet, etc).
Il
est provoqué principalement par la cessation, due au choc de l'avion, d'un faux
état d'équilibre de l'eau contenue dans l'atmosphère : la surfusion.
Ainsi
que nous l'avons vu dans la chapitre consacré à l'eau dans l'atmosphère, de l'eau très pure peut être amenée à température
négative sans se solidifier; cet état instable est appelé
"surfusion". Un choc brusque provoque la congélation. Des impuretés
ou un cristal de glace (ou de sel) jetés dans l'eau en surfusion provoquent
également la congélation. Ce phénomène se manifeste entre 0° et - 40°C.
Effets du givrage
Le
dépôt de glace sur un avion peut entraîner une ou plusieurs des conséquences
suivantes :
- Augmentation de la traînée et de la vitesse de
perte de sustentation du fait de la diminution des qualités aérodynamiques des
ailes;
- Diminution de l'efficacité des hélices par
diminution de leurs qualités aérodynamiques;
- Diminution de la puissance des moteurs à pistons
par givrage du carburateur;
- Diminution de la puissance des réacteurs par
obturation partielle ou totale des entrées d'air;
- Déréglage ou coinçage des organes de commande;
- Mise hors service de certains instruments par
obturation des prises d'air statique ou du tube de Pitot;
- Mise hors service des antennes;
-
Obscurcissement de la verrière.
Formation de glace sur un avion
Trois phénomènes peuvent entraîner la formation de
glace sur un avion:
1. L'impact d'eau surfondue
2. La trajectoire suivie par les gouttelettes
d'eau surfondue
3.
La température de la surface de contact.
1.
L'impact de l'eau surfondue
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Effets du givrage sur une aile
d'avion: création de turbulences et modification de la portance. Document
Airport Technology.
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Si
la surface d'un avion présente une température comprise entre 0 et environ -10°C, l'impact d'une
gouttelette d'eau surfondue sur la structure entraîne un début de congélation.
Il s'agit bien d'un début puisque la congélation d'une petite partie de l'eau
libère suffisamment de chaleur latente pour élever la température de la
gouttelette jusqu'à 0°C.
En
fait, pour les températures voisines de 0°C, la congélation d'environ 1.25% de la
goutte pour chaque degré sous zéro est suffisant pour élever à 0°C la température du mélange
eau-glace. La congélation ultérieure de la goutte ne peut intervenir que si la
chaleur latente additionnelle peut être libérée.
Aux
basses températures (-20°C
par exemple) et pour de très petites gouttelettes (diamètre inférieur à 20 m) la congélation s'achève très rapidement par conduction, évaporation et
convection, puisque la gouttelette à 0°C est à une température nettement supérieure
à celle de tout ce qui l'environne. On peut dire que la gouttelette gèle
complètement et instantanément.
Aux
températures négatives voisines de 0°C,
et spécialement en présence de gouttes plus grosses, la congélation peut être
très lente et la goutte s'étale sur la surface avant de perdre toute la chaleur
latente libérée, avant donc de s'être entièrement solidifiée.
Ces
processus ont une importance primordiale sur la forme et le type de givrage.
2. La trajectoire des gouttelettes d'eau
surfondue
La
trajectoire des gouttelettes d'eau entraînées dans un courant d'air au-dessus
d'un obstacle est différente des lignes du flux d'air du fait de l'inertie des
gouttelettes qui les empêche de suivre exactement la courbure des lignes de
courant lorsqu'elles s'écoulent autour de l'obstacle.
A.
La déviation des gouttelettes par rapport aux lignes de courant est d'autant
plus grande que la gouttelette est grosse (c'est-à-dire que son inertie est
grande).
B. La déviation par rapport au flux d'air est
proportionnelle au rayon de courbure du bord de l'obstacle. Si le rayon de
courbure est petit (forte courbure), presque toutes les gouttelettes seront
captées par l'obstacle tandis que si le rayon de courbure est grand la
perturbation des lignes de courant est telle que les petites gouttelettes sont
déviées autour de l'obstacle et ne l'atteignent pas.
A titre indicatif,
pour un rayon de courbure de 20
mm et une vitesse de 300 noeuds, 96% des gouttes de 50m de diamètre sont captées, 84% des gouttes de 30m et seulement 50% des gouttes de 10m
de diamètre.
C.
De plus, les déviations de la trajectoire des gouttelettes d'eau dues aux
perturbations des lignes de courant sont d'autant plus petites que la vitesse est
grande; ainsi le nombre de gouttellettes captées augmente avec la vitesse.
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A partir de ces considérations, nous pouvons tirer
les conclusions pratiques suivantes :
- la glace se forme plus aisément sur les parties
de l'avion ayant un petit rayon de courbure (bord d'attaque des ailes et de
l'empennage, bord des entrées d'air, etc)
- le nombre de gouttelettes captées par l'avion
est directement proportionnel au nombre de grosses gouttes présentes dans le
nuage;
-
le nombre de gouttelettes captées augmente avec la vitesse.
3. La température des surfaces de contact
Il
est évident qu'aucune formation de glace ne pourra être observée si la
température des surfaces extérieures de l'avion est maintenue au-dessus de 0°C, quelles que soient les
conditions ambiantes.
Les
surfaces extérieures de l'avion peuvent être maintenues à température positive
sous certaines conditions, soit naturellement par échauffement cinétique soit
par échauffement artificiel.
L'échauffement
cinétique se divise en échauffement par compression (principalement aux points
de stagnation) et en échauffement par frottement (dû au mouvement relatif de
l'air).
Les
expériences ont démontré que dans les nuages composés de gouttelettes d'eau
surfondue, l'échauffement cinétique est plus petit que dans l'air clair et plus
grand que dans les nuages composés uniquement de cristaux de glace. Dans les
nuages composés d'un mélange d'eau surfondue et de glace, l'échauffement cinétique
est très faible pour des vitesses inférieures à 500 noeuds.
On
constate généralement que le givrage est inexistant dans les nuages formés
uniquement de cristaux de glace car ils n'adhèrent pas aux surfaces de contact.
Une telle considération est entièrement justifiée pour les vitesses inférieures
à 500 noeuds. Toutefois, il est possible que l'échauffement provoqué par des
avions très rapides entraîne une fusion partielle des cristaux de glace et par
conséquent, du givrage dans des nuages constitués de glace uniquement (Ci, Cs,
Cc).
quelques images spectaculaire de givrage
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